LA BALLADE D'ACHILLE

by Nick Vanmoryan

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1.
Les Gants 03:10
Nous étions trois filles Toutes trois du temps. Maman nous fit faire Trois cotillons blancs. Tout galonné galonné en blanc. Tout autour galonné d’argent. J’étais la plus petite, J’ai eu le plus grand. J’ai pris mes ciseaux, J’en coupais un rond. Avec ces rognures, Je me suis fait des gants. Je les ai portés Chez ma grand maman. Et je lui ai dit : - Serre-moi ces gants. Je ne les mettrai Que trois fois par an. Le jour de la Pentecôte Et de la Saint Jean. Le jour de mon mariage Où je rirai tant. Le lendemain encore Que je pleurerai tant.
2.
L’autre jour en allant danser, La farira dondé, Une épine entre dans, ah ! ah ! Dans mon, hé ! hé ! Dans mon soulier. La farira lariraré, La farira dondé ! Une épine entre dans mon soulier, La farira dondé, Un officier vient pour, ah ! ah ! Vient pour, hé ! hé ! Vient pour me l’ôter. La farira lariraré, La farira dondé ! - Nous ne voulons pas d’officier, Nous ne voulons que nos bergers, Le dimanche ils nous font danser, La contre danse et le passe-pied, Puis ils viennent pour nous saluer, Et ils obtiennent un doux baiser.
3.
Je me suis engagé Pour l’amour d’une brune. L’hôtesse qui m’a logé M’a très mal conseillé : Je me suis en allé Sans avoir mon congé. Dans mon chemin faisant, Je rencontre mon capitaine Mon capitaine me dit : - Ou vas-tu sans souci ? - Je vais dans ces vallons Rejoindre mon bataillon. Mon capitaine me dit : - Ce n’est point-là ta route. J’ai mis mon habit bas, Mon sabre au bout d’mon bras, Je me suis battu là Comme un vaillant soldat. Au premier coup portant J’ai tué mon capitaine. Mon capitaine est mort Et moi, je vis encore. Avant qu’il soit trois jours, Ce sera à mon tour. M’ont pris, m’ont emmené, De sur la place d’armes. Ils m’ont bandé les yeux Avec un mouchoir bleu, Pour me faire mourir Sans me faire languir. Qu’on entoure mon cœur Dans une serviette blanche Qu’on l’envoie à Paris A ma chère bonne amie Sitôt qu’elle le verra Elle s’en repentira. Tout le regret que j’ai C’est de ma pauvre mère Elle qui m’a tant pleuré Quand j’me suis engagé Elle n’aura pas l’plaisir De me revoir au pays.
4.
Qui veut savoir complainte C’est d’un jeune amoureux C’est d’un jeune amoureux Le désespoir l’emporte : Il voudrait voir sa mie. Sa chère amie qu’est morte. Le Satan vient lui dire « Que me donneras-tu ? « Oh ! Je te donnerai Ma bague d’or jolie Si tu veux mi mener Au proche de ma mie. Le Satan, il le prend Plus vite que le vent, L’a porté, l’a mené Dans une grande allée Là vou qu’ils ont trouvé Une porte fermée. Le Satan a frappé, La porte s’est ouvri : De là il est entré Dans une grande chambre Ous qu’il a vu sa mie Dans une flamme ardente. « Oh ! Dis-moi donc ma mie Qui s’qui t’a mise ici ? » « C’est l’démon, mon amant, Nuit et jour me tourmente Pour ce maudit péché Que l’on commit ensemble. Oh dis-moi donc ma mie Si j’pourrais te retirer Oh non non non mon amant La chose est impossible Tu me ferais souffrir Les peines les plus horribles Oh dis-moi donc ma mie Si j’pourrais te toucher Oh non non non mon amant Ne touche pas à mes membres Mes membres sont plus chauds Que les tisons qui flambent Oh dis-moi donc ma mie Que faut-il dire chez vous ? Dis à ma sœur l’ainée Qu’elle soit fille sage Qu’elle ne soit pas comme moi Libre au libertinage
5.
- Qu’as-tu donc à vendre ? (bis) - J’ai encore à vendre. (bis) Les souliers de Jeanne. Ils sont vendus. Argent reçu, Je m’en repens. Il n’est plus temps. Consolez-moi ma mère, J’ai d’l’argent pour bouère ! - Qu’as-tu donc à vendre ? (bis) - J’ai encore à vendre. (bis) Les beaux bas de Jeanne, Ils sont vendus… … Les jupons de Jeanne. … La belle robe de Jeanne. … Le corset de Jeanne. … La chemise de Jeanne. … Le bonnet de Jeanne. - Qu’as-tu donc à vendre ? (bis) - J’n’ai plus rien à vendre. (bis) Et tout est vendu. Argent reçu, Je m’en repens. Il n’est plus temps. Consolez-moi ma mère, J’n’ai plus d’argent pour bouère !
6.
Renaud voulant s’y marier Danvec la fille d’un chevalier, La veille de ses noces arrivée, Cent lieux de loin l’a t’emmené. La belle fut pas milieu du bois, Elle lui dit : Renaud, j’ai soif. - Beuvez, la belle, votre clair sang, Jamais vous n’y boirez de vin blanc. La belle fut pas trois quarts du chemin, Elle lui dit : Renaud, j’ai faim. - Mangez, la belle, mangez vos mains, Jamais vous n’y mangerez de pain. La belle fut pas l’arrivé, La voù que sont ces dames noyées : - Et vous, madame la princesse, La quatorzième vous serez. Allons, la belle, préparez-vous, Je vous l’ai dit, débillez-vous, Posez votre chemise de lin Qu’est aussi blanche que le satin. C’est pas l’état d’un chevalier De voir les dames se débiller ; Mais c’est la place d’un chevalier D’y avoir les deux yeux bandés. Quand de Renaud a vu cela, Pris son mouchoir, ses yeux banda. La belle s’approche pour l’embrasser, Dans la rivière elle l’a jeté. Renaud croyant s’y rattraper Après une branche de laurier, La belle tira sa claire épée, La branche de Laurier a tranchée. - La belle, donnez-moi votre main, Je vous épouserai demain. - Plonge Renaud, pêche au fond, Les dames que t’as noyées y sont. - Hélas ! La belle, qui t’remmènera ? Vraiment, Renaud, ce ne sera pas toi, Ce sera mon p’tit cheval grison Qui va plus vite que le postillon. - Que diront donc tous tes parents De te voir venir sans ton amant ? - Je leur dirai que j’ai fait de toi Ce que tu croyais faire de moi.
7.
C’était le roi dessus son pont Tenant sa fille en son giron : - Ma fille, quittez ce chevalier Qui n’a ni maille ni denier - J’aime Dijon, je l’aimerai, J’aime Dijon pour sa beauté, Je l’aime plus que mes parents Et vous mon père, que j’aime tant - Qu’on aille chercher mes cavaliers Pour mettre ma fille emprisonnée Qu’on la mène dans une tour Que l’on n’y voit ni nuit ni jour. La belle y est restée sept ans Sans voir aucun de ses parents. Au bout de la septième année Son père s’en fut la visiter. - Bonjour, ma fille! - Bonjour papa ! - Comment ça va? - Ça va bien mal. J’ai un coté blessé des fers Et l’autre qui est mangé des vers. Mon cher papa, n’auriez-vous pas Quelques deniers à me donner? J’en ferai part à mon geôlier Qu’il me desserre un peu les pieds. - Oh! oui ma fille oh! oui j’en ai Quinze boisseaux biens mesurés Qui sont tout prêt à te donner Si tes amours tu veux changer. - J’aimerai mieux pourrir dans la tour Que d’abandonner mes amours. - Dedans la tour tu pourriras Ou tes amours tu quitteras Le beau Dijon passant par là Un mot d’écrit il lui jeta : Faites-vous morte, ensevelie, Que l’on vous porte à Saint-Denis. La belle n’y a pas manqué, S’est faite morte et emportée : Cinquante prêtres, autant d’abbés, Pour mener la belle enterrer. Le beau Dijon passant par là : - Arrêtez prêtre, arrêtez là ! Puisque ma mie est trépassée, Permettez-moi de l’embrasser. Il a tiré ses ciseaux fins Pour découdre le drap de lin. A chaque point qu’il décousait, Voyait sa mie lui souriait Voyez, voyez la trahison De ma fille et du beau Dijon ! Faut à présent les marier, Qu’on en entende plus parler. Garçons et filles qui veulent s’aimer, Personne ne peut les empêcher… Cinquante prêtres, autant d’abbés Pour mener la belle marier.
8.
J'ai vu jouer un plaisant tour, On en parlera plus d'un jour. Venez tous entendre l'histoire D'un homme qui aime ces belles catins. Mais sa femme étant jeune et belle En souffre avec ce libertin. (bis) Un jour, étant corrompu d'vin, Il s'en va faire son badin ; Il s'en y va dans une auberge Pour y dépenser son argent. Il demande à madame l'hôtesse Une femme pour passer son temps. (bis) Madame l'hôtesse lui répondit : - J'en sais bien une qu'est fort jolie. Elle est jolie, jolie et belle, Vous en auriez de l'agrément. Montez en haut, dedans ma chambre, Elle va venir dans un moment. (bis) Madame l'hôtesse, sans plus tarder, Vers chez sa femme s'en est allée : - Levez-vous promptement, madame, Venez tout aussitôt chez nous. Vous y gagnerez des pistoles A un monsieur qu'est votre époux. (bis) La jeune dame ne veut pas y aller : - Non, non, il me reconnaîtrait. - J'ai un habit d'espagnolette Qui vous ira fort bien au corps ; Ma jeune dame, il faut le mettre, Vous y gagnerez des louis d'or. (bis) La jeune dame, quittant ses habits, De ceux de l'hôtesse elle s’est vêtis. Elle s'en alla dedans la chambre, Y salua ce beau monsieur. - Ma jeune dame, prenez vos aises ; Nous rirons bien tantôt nous deux. (bis) Quand ils eurent bien fait leur fracas, Deux cents pistoles il lui compta. La jeune dame le remercie, Tout en lui souhaitant le bonsoir : - Je serai ta fidèle amie, J'espère encore de te revoir. (bis) Elle quitte ses habits derniers, Elle reprend ses habits premiers. Elle s'en y va dans son ménage Raccommoder ce qu'il fallait. Et son mari, tout comme un sage, Revient un peu de temps après. (bis) Sa femme lui dit : - Mon ami, De là-voù viens-tu aujourd'hui? - Je viens du cabaret, ma femme, Où j'ai dépensé mon argent. - Et moi, et moi, toujours j'en gagne, Toujours en bien m'divertissant. (bis) Voilà ma bourse bien garnie De ce que j'ai gagné cette nuit. J'ai fait plaisir à un bon drôle Que tu connais tout comme moi : Il m'a donné deux cents pistoles Pour y avoir promis la foi. (bis)
9.
Ne vous étonnez pas Si dans tous mes repas Je chéris la bouteille. Moi, quand ma mère me fit, Je n’avais pas de lit Que l’ombre d’une treille. Sitôt que je fus né Ils m’avont présenté Les blancs seins d’une dame. Le lait de ces blancs seins, C’est pire que du venin. Grand Dieu ! Je rendais l’âme. On m’mit dans un berceau, Je criais comme un veau. Faisant des cris étranges, On m’change de berceau. Sur le fond d’un tonneau, Je dormais comme un ange. A l’âge de trois mois, M’suis enivré trois fois. Mon père m’a dit courage ! Courage, mon enfant. Quand tu seras plus grand, Tu boiras bien davantage ! A l’âge de sept ans, Comme les autres enfants On m’envoie à l’école. Je vendais tout mon pain, C’est pour avoir du vin. J’étais un gars pas drôle. A l’âge de quinze ans Mon père me dit : - Enfant, Quel état veux-tu prendre ? - Charpentier, menuisier, C’est de fort bons métiers. Tailleur je veux me rendre. Ils m’ont mis à Paris, Ils m’ont mis apprenti. Oh ! Dans la rue Dauphine, Lavoir soir et matin, Avec d’autres copains ; J’allais boire ma chopine. Pauvre garçon tailleur ; Tu as donc du malheur Faisant ton tour de France ! Les poux te mangeront. La gale et les morpions, Voilà ta récompense. Je voudrais qu’il fut nuit. Que le diable fut rôti, Que ça fut demain fête ! Cent écus de comptés Qui fussent bien gagnés. J’dirais : - Adieu mon maître !
10.
C’était un beau flamand, S’en allant voir sa blonde. S’en allant voir sa blonde, En voulant lui parler, En lui disant la belle : - Voudrais-tu bien m’aimer ? - Flamand ! Joli flamand, Comment veux-tu qu’je t’aime. Tous les jours, j’entends dire Par un de mes parents Qu’en ton pays de Flandre, Tu as femme et enfant. - C’est les mauvaises langues Qui t’ont dit ça la belle. Dans mon pays de Flandre, Ah ! Je t’emmènerai Dans la ville de Lille, Belle je t’épouserai. - Flamand ! Joli flamand, Quoi donc je f’rons en Flandre ? - J’y monterons boutique, Boutique de gros marchand, Vendant sa marchandise. Gros marchand négociant. - Flamand ! Joli flamand, Quelle sorte de marchandise ? - J’y venderai des jupes, Des jupes de velours. De la belle dentelle, Brodée tout alentour. Le lendemain matin jour, Le beau galant s’y lève. Le beau galant s’y lève En la remerciant, En lui disant : - La belle, J’ai femme et enfants. - Tu as grossi ma taille, Tu as pâli mes couleurs. Tu m’as trompé galant, Tu t’en repentiras. En passant la rivière, Ingrat, tu périras. -Non je ne périrai pas, Ma tant jolie maîtresse. J’y connais la marine, J’y sais fors bien nager. J’y passerai la rivière, La belle s’en m’y noyer.

about

La ballade d'Achille, ou comment une impressionnante somme de chansons populaires collectées entre 1874 et 1895 par le poète et folkloriste Achille Millien accouche d'un album concept aux accents de Folktrad Electro, traversé de poésie absurde et de surprenants anachronismes.

Sélectionnées, interprétées et arrangées par Nick Vanmoryan, Benoit Simon et Philippe Balzé, les 10 chansons de l'album ne relèvent pas d'un catalogue d'ethno musicologie, mais plutôt d'un pont jeté entre ce passe pas si lointain et les musiques urbaines du 21ème siècle.

Choisies pour leur mélodie ou leurs paroles, certaines furent des tubes en leur temps, d’autres plus confidentielles, mais elles ont toutes un point commun : on ne saura jamais qui les a écrites. Des inconnus, parfois lettrés, le plus souvent pauvres paysans, les ont conçues et chantées à d’autres, point de départ d’une transmission orale qui s’est petit à petit perdue dans le temps. Cet album est un passage de témoin, une victoire contre l’oubli.

« Sachons apprécier à leur juste valeur nos chansons populaires (...) admirons-y franchement le naturel exquis, la fraîcheur et la richesse d’imagination, la sincérité d’accent, la naïveté d’expression et l’éternelle jeunesse ». On pourrait appliquer les mots oublies de Millien aux hits cumulant aujourd'hui des millions de vue sur les plateformes de streaming.

Alors pas de fausse nostalgie, pas de « c’était mieux avant » : La ballade d'Achille, ce sont juste quelques chansons à partager, des mélodies qui vous accompagnent pour longtemps, dépoussiérées par la modernité leurs arrangements.

Pour ceux qui aiment les histoires d’amour tragiques ou qui finissent bien, le vaudeville, les histoires de serial killer et d'alcool triste, les voyages en enfer, le destin de filles trahies ou plus malines que leur amant, les rondes et les complaintes, nous espérons que vous serez nombreux , après quelques écoutes, à fredonner ces chansons.

Bonne écoute.

credits

released November 9, 2018

Chant : Nick Vanmoryan
Guitares, Dulcimer, Banjo, bouzouki irlandais : Benoit Simon
DA et programmation: Philippe Balzé - www.philippebalze.com
Chant (3) et (6): Roxie Kid-One

Mastering : Cyrille Cassier
Design : Christine Guais - www.sablerouge.com

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